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Aline Murin-Hoarau : "Quiconque oublie son passé est condamné à le revivre"


Invité(e)
Dimanche 8 Mai 2011

Demain 10 mai, célébration de l'abolition de l'esclavage dans toute la France. La première commémoration a eu lieu en 2001. Aline Murin-Hoarau explique dans son exposé la nécessité et l'importance de " se souvenir" et de ne pas "oublier ses racines.


Aline Murin-Hoarau : "Quiconque oublie son passé est condamné à le revivre"
"En 1723, l'esclavage est officiellement appliqué à Bourbon et va durer jusqu'en 1848. Durant toutes ces années des milliers d'hommes,  de femmes et d'enfants arrachés à leur terre natale vivent cette tragédie,  ces blessures profondes qui pèsent encore sur nos consciences et  nos mémoires aujourd'hui.

Nous savons tous que l'esclavage a nourri le racisme qui est un crime de cœur  et de l'esprit.Beaucoup d'entre nous portent encore aujourd'hui tous les stigmates  de ce lourd passé historique.

Ce passé continue à s'exprimer au quotidien dans les maux qui déstabilisent notre société. Inégalités extrêmes, chômage, illettrisme, racisme latent ou manifeste, rapports sociaux marqués par la violence, étouffements des personnalités... livrent  chaque Réunionnais dans «une guerre civile». Certes notre île chante, danse, partage son métissage culturel. Mais l'idéologie de la période  esclavagiste reste bien présent dans les comportements.

Depuis 2001, le 10 mai a été choisi pour célébrer l'abolition de l'esclavage et la traite négrière reconnues comme  un crime contre l'humanité.  

Cette date rend un grand et digne hommage à tous les esclaves et  marrons qui se sont battus pour leur liberté.
Commémorer ne signifie pas remuer les cendres de ce passé douloureux, difficile. C'est avant tout un acte symbolique dans la reconnaissance de ce devoir de réparation qui affirme une égale dignité pour tous les êtres humains.
Pendant trop longtemps, cette période est restée cachée, masquée.

Et force est de constater que cette partie de l'histoire liée à l'esclavage ne doit plus être occultée dans les programmes scolaires. Les jeunes générations ne doivent pas oublier le drame vécu par leurs ancêtres. La mémoire conditionne la santé d'un peuple.

Honorer le souvenir de l'esclave est un devoir de mémoire. D'abord, ce souvenir a une portée pédagogique. Ce devoir de mémoire doit  ensuite être politique car il instaure la lutte contre l'oubli. Enfin, il est surtout moral car il éclaire la vérité en refusant le négationnisme historique.  

En continuant à commémorer l'abolition , la République libre, égale, fraternelle s'adresse aux descendants d'esclaves qu'elle intègre dans le corps national pour rappeler à l'ensemble  des citoyens dans quelles conditions certains d'entre eux ont vécus dans l'espace républicain.

On ne bâtit pas une société sur une amnésie historique.

La  commémoration nous permet à tous d'analyser  l'histoire pour réparer, pour s'informer, pour  construire une société plus juste et surtout de nous distancier des passions mémorielles.

 En ce 10 mai 2011, ayons donc une pensée pour tous nos ancêtres opprimés par le régime colonial esclavagiste".




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Les commentaires

1.Posté par Arnold Jaccoud le 09/05/2011 16:46
Les peuples sont comme les individus. Sans vision d'avenir, ils vont à la dérive, mais sans appropriation de leur histoire passée, leur présent est plus que problématique. Plus ils s'attachent à leurs racines et moins ils porteront de chaînes. Tout autant qu'un argument d'identité, la connaissance profonde de ses racines est un facteur essentiel de liberté. Merci Aline !

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